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[Article Frandroid] Plongée dans le studio de design de Honor à Paris


Honor

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Article original par Frandroid disponible ici.

Nous avons ouvert les portes de notre studio de design de Paris à Frandroid, voici leur article. Ça devrait vous intéresser !

 

PS : Non, ce n'est pas dans ces locaux là que je travaille :) (A mon grand regret ^^)

 

Plongée dans le studio de design de Honor à Paris : en quête de formes et de matières

 

Ce n’est que rarement pour se balader que l’on emprunte les escaliers de la sortie Invalides, en plein VIIe arrondissement parisien. L’Assemblée Nationale côtoie ici le tombeau de Napoléon Bonaparte, le tout à quelques enjambées de la Tour Eiffel. C’est dans ce quartier calme de la capitale que Huawei a choisi d’installer son studio de recherche en esthétique, où se joue le design des futurs produits de la marque… et ceux d’Honor.

 

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Un studio de design en France

 

Honor n’aime pas la facilité. En tant que marque proposée par Huawei, elle pourrait simplement s’associer avec quelques opérateurs locaux dans chaque pays européen, inonder les offres de forfaits low-cost avec des smartphones à prix cassé et laisser les partenaires triés de loin utiliser les modèles en marque blanche. Après tout, cela fonctionnerait : aujourd’hui, le grand public n’est pas encore expert et même si l’achat d’un smartphone devient de plus en plus un véritable choix chez les jeunes, beaucoup acceptent ce que le vendeur du coin leur propose.

 

Mais voilà, Honor voulait son univers, son ambiance, son public, ses fans et ses détracteurs, bref, une communauté mondiale qui graviterait autour de plusieurs produits.

 

Construire une marque

 

Honor 6, 3C ou Holly sont autant de modèles connus dans nos contrées, mais pensés par la maison mère en Chine comme des appareils à adapter à un environnement différent. Cette stratégie économe ne permet pas à une marque de saisir pleinement les habitudes, les goûts et les besoins de ses consommateurs à l’autre bout du monde et cela, Huawei l’a très bien compris. C’est dans cette optique que la firme a ouvert il y a quelques mois un studio de design parisien chargé à la fois d’orienter les futurs produits européens et de créer une identité locale à la marque. Car l’identité est bien le principal problème pour un constructeur qui a fait ses armes sur des équipements à peu près invisibles par le commun des mortels : des infrastructures réseau pour les opérateurs et les entreprises dans le monde entier. Ce mobilier urbain technologique n’a pas grand-chose à voir avec des produits destinés à être achetés par le grand public.

 

Avec Honor, Huawei a dévoilé une stratégie double pour le marché des smartphones. La première gamme, celle qui porte le nom de l’entreprise, est là pour véhiculer une image premium. Les designers nous le répéteront plusieurs fois : les produits chinois n’inspirent pas encore une grande confiance et pourtant, Huawei souhaite que ces considérations deviennent des choses du passé. Elle veut être une marque aussi respectable que le sont ses consœurs japonaises, coréennes ou américaines. Les lignes des produits Huawei correspondront donc à ces ambitions : des engins élégants, sobres et équipés des dernières technologies et raffinements superficiels qui espèrent entrer en concurrence avec les fers de lance des autres marques.

 

Honor, de son côté, est une marque plus jeune, plus libre. Les modèles commercialisés sous ce nom doivent toucher un public jeune, orienté digital qui cherche un smartphone, mais ne se reconnaît pas encore dans un univers défini par une marque existante, qui n’a pas de chapelle en matière de nouvelles technologies et qui aime comparer les produits avant d’acheter, le plus souvent directement en ligne. Honor cherche aussi à proposer le compromis idéal en rapport qualité / prix : un appareil où sont seulement sacrifiés les raffinements du haut de gamme, mais dont les finitions et le hardware suffisent amplement à justifier la somme déboursée. Une volonté qui se traduit en esthétique par des modèles plus colorés, conçus dans différents alliages de plastique.

 

Les designers des Invalides doivent composer avec ces différentes approches : ils travaillent pour les deux entités.

 

Arrivée au studio

 

Il suffit de quelques secondes à l’ascenseur pour nous amener au dernier étage d’un immeuble récent où une vingtaine de postes remplissent un open space qui donne sur un salon faisant office de salle de réunion. Le mobilier est sobre et élégant. Des baies vitrées qui ouvrent chaque pièce vers l’extérieur, on peut apercevoir Paris qui dessine ses lignes à l’horizon et la Tour Eiffel, éternelle dame de fer ancrée dans le sol à quelques pâtés de maison.

 

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Comme un jeune Rastignac qui prononcerait son « À nous deux maintenant » du haut des buttes du Père Lachaise, les designers regroupés ici sous la direction de Mathieu Lehanneur ont pour difficile mission d’extraire la quintessence de leurs formation et parcours professionnel pour l’injecter dans les guidelines et autres cahiers des charges d’une compagnie à l’autre bout du globe.

 

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Et les profils regroupés en ces lieux en étonneraient plus d’un de prime abord. François Durris, notre hôte pour la matinée, vient par exemple du monde de l’automobile. C’est pour Citroën, entité bien connue du groupe PSA Peugeot Citroën, que François a exercé le métier de designer ces 15 dernières années, après une formation dans la prestigieuse ENS des Arts-Déco. « C’est amusant de constater à quel point certaines problématiques se recoupent, entre l’automobile et la téléphonie », lance-t-il. Matériaux, couleurs, fournisseurs, stratégie… les angles d’attaque d’un même problème peuvent être bien similaires, que l’on parle d’un engin de quelques centaines de grammes ou d’un autre de quelques centaines de kilos.

 

Estelle Barreau travaillait aussi dans le design automobile avant d’arriver dans ce studio tourné vers les nouvelles technologies mobiles. Ici, elle s’occupe principalement des couleurs et des matières, travaille les teintes et les tons, compose et décompose les nuances pour trouver celle qui sera retenue pour habiller l’objet. Pour elle, aucun blanc n’est égal, aucun ocre n’a la même texture.

Pierre-François Dubois vient, lui, comme son collègue Vincent Lepoultier, de l’horlogerie de luxe. C’est chez Dior qu’il a fait ses armes après avoir étudié le design d’objet, successivement à l’école Boulle et à L’École Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art. Quand on voit l’engouement actuel pour les montres et les objets connectés, on comprend très bien pourquoi Huawei cherchait un profil comme le sien pour développer sa gamme.

 

Il n’est pas difficile d’imaginer pourquoi Pierre-François a été appelé en Chine récemment : Huawei souhaitait proposer une montre connectée qui se démarque de la concurrence et son expertise a grandement servi la marque pour sa Huawei Watch récemment dévoilée. Il suffit d’un coup d’oeil pour voir que cette montre connectée se démarque de la concurrence : elle a été conçue comme une véritable montre avant d’être pensée comme un objet technologique.

 

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L’automobile et le smartphone

 

Et c’est précisément au croisement de ces univers que la marque chinoise souhaite faire émerger sa propre identité. Elle souhaite tirer partie des expertises diverses pour donner une image forte à ses produits tout en les inscrivant dans des canons de design déjà en place et bien connus du public européen. « Quand on travaille pour un constructeur de smartphone après avoir passé plus de dix ans dans l’automobile, c’est amusant de se rendre compte à quel point nos interlocuteurs dans le monde industriel sont similaires : nos fournisseurs passés en matériaux et en échantillons sont les mêmes aujourd’hui », affirme François Durris.

 

Pour un designer d’objet, la porosité entre les différents milieux est chose commune. L’inspiration pour une coque d’un Honor 6+ peut venir aussi bien d’un tissu rigide et alvéolé que des courbes d’une bouteille de parfum. C’est en chinant dans les friperies, sur les marchés, dans les expositions et les showrooms que l’idée d’un produit, petit à petit, se met en place.

 

Et s’il est aussi facile pour ces designers de faire des ponts entre plusieurs univers, c’est que leur métier, au fond, n’a pas véritablement changé en passant d’un monde à l’autre. Le défi, pour eux, reste le même et sort souvent de la simple conception d’un objet : il s’agit de donner une âme à une marque pour orienter sa communication et son avenir dans des pays précis. En d’autres termes, il faut que l’on sache reconnaître un produit Honor d’un coup d’œil, comme on pourrait reconnaître un produit d’un constructeur mieux installé. Et cela s’applique à toutes les gammes éventuelles, qu’il s’agisse de smartphone, de console de jeu mobile, de casque de réalité virtuelle ou de drone. Honor ne souhaite pas expérimenter ses produits sur le seul marché chinois.

 

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À la question de savoir si, pour eux, Honor est déjà une marque que l’on peut identifier, les designers tombent d’accord : « aujourd’hui, Honor se différencie du marché par des détails. Des courbes, des gravures. Ce ne sont pas des signes assez forts pour que la marque soit reconnue directement par le public ».

 

Voilà donc une bataille qui reste à mener pour les équipes du studio des Invalides.

 

Forme et couleurs : les défis des designers

 

Et le premier de ces enjeux est évident : il s’agit de la forme. Comment faire pour se démarquer des autres produits ? Est-ce que le smartphone a atteint sa forme parfaite ? Est-ce que l’innovation est bloquée ? Pour François Durris, ce n’est absolument pas le cas et le problème du design des smartphones se rapproche encore une fois de ce que l’on a vu avec le design automobile : il y a des modes, des styles, mais à part la base qui reste inchangée, tout peut encore évoluer. « Le smartphone en lui-même est un produit qui n’a pas encore atteint tout son potentiel. Je suis même prêt à parier que l’on ne sait pas encore quelle forme il aura dans quelques années. Tout est possible et c’est ça qui est très excitant. »

 

Autre son de cloche chez Pierre-François Dubois, qui reste plus réservé. Pour lui, « le smartphone ne pourra pas sortir radicalement de sa forme actuelle, rectangulaire avec un écran tactile sur la face. Notre travail consiste plus à utiliser cette forme et à en faire un produit propre à la marque, à faire évoluer les détails. Vous pouvez changer les arrondis des coins, les rainures sur les côtés, le placement des boutons, mais cela restera un objet fondé sur la même base. » Il est vrai que, réduits à leurs traits les plus simples, et si nous excluons les tentatives originales, tous les smartphones ont aujourd’hui plus ou moins la même forme. Et personne ne s’en plaint : ce bloc rectangulaire est un objet dont l’ergonomie n’est plus à démontrer.

 

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La couleur des objets

 

Pour Pierre-François, il reste pourtant une bonne dose d’innovation radicale à entreprendre dans le monde de la mobilité et notamment grâce au boom récent des objets connectés. L’objectif des années à venir sera de faire en sorte que les objets intelligents entrent dans le quotidien des gens, qu’ils cessent d’être des produits réservés aux geeks. Pour lui, qui vient de Dior, cela passe d’abord par une orientation du design vers de véritables objets au design commun, qui toucheraient directement le grand public et qui proposeraient des fonctionnalités connectées.

 

C’est particulièrement valable dans le domaine du luxe, dit-il : « si l’on achète une montre à 15 000 euros, c’est parce qu’on sait qu’elle sera durable, qu’elle passera de génération en génération et que tout bon horloger saura la réparer, la remettre à neuf. Le problème avec les montres connectées d’aujourd’hui, c’est qu’elles ne sont pas durables et qu’elles vont devenir obsolètes très rapidement à cause des mises à jour du logiciel qui seront impossibles dans quelques années sur les modèles actuels. » Cette catégorie d’objets intéresse aussi Honor qui, même sans faire dans le luxe, souhaite toucher un public jeune et connecté, amateur d’innovations.

 

La priorité suivante pour un studio travaillant pour une marque de smartphone chinoise concerne la couleur. L’équipe de François Durris le sait : les goûts ne sont pas les mêmes d’un côté ou de l’autre du globe. « En Chine, le public aime les couleurs flash, très fortes. On ne conçoit pas les mêmes produits pour un public européen qui sera plus attiré par des couleurs sobres. » La recherche en matière de couleur oriente également la gamme. L’or a été l’une des couleurs les plus vendues de ces dernières années du côté des smartphones. Pour François Durris, la prochaine tendance, c’est le cuivre. Avec les classiques modèles noirs et blancs, les modèles cuivrés sont censés donner un côté premium à un produit, même s’il n’est pas taillé dans un alliage de métal. La teinte se décline du mat sombre au brillant éclatant et permet beaucoup de variations pour habiller les différentes parties d’un smartphone. Ce sont ces couleurs classiques qui, d’après eux, véhiculent l’image de marque d’une compagnie et qui seront réservées à Huawei, même si les modèles Honor reçoivent les déclinaisons noires et blanches. La texture de la coque du Honor 6+ a, par exemple, été travaillée au studio parisien.

 

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Sur les modèles entrée et milieu de gamme, les considérations sont différentes : on cherche ici à séduire un public plus branché streetwear, casual. For the brave, le slogan de Honor, que les équipes ont choisi de ne pas traduire, donne une direction à la philosophie de la marque : les couleurs travaillées sont inspirées d’objets très urbains, qui rappellent le mouvement, le sport. Cette fois encore, les recherches sont un work-in-progress du studio et ne concernent pas les produits que Honor met sur le marché aujourd’hui. C’est une combinaison de plusieurs recherches, entreprises par différents studios dans le monde, qui va définir les produits à venir et ce processus prend du temps. Car imposer une marque passe par des détails, de légères touches ajoutées petit à petit, autant sur le matériel que sur le logiciel.

 

La seconde partie de ce dossier sera publiée la semaine prochaine.

 

Article réalisé avec la contribution d’Honor

Modifié par Honor
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Super. Très instructif. On en sait un peu plus sur Honor !

 

Alexis, tu travailles aussi au même endroit, dans cet open space, ainsi que les autres "contacts" Honor ?

Modifié par abel06
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@@abel06 non, je ne suis pas dans ces locaux à mon grand regret ^^

Ils ont une super vue sur la tour eiffel, une terrasse, de la verdure et de grandes baies vitrées. Le lieux est top, de super conditions de travail !

 

Moi, je suis au siège, on n'est pas non plus à plaindre mais c'est plus classique.

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  • 2 weeks later...

Article 2 : version originale ici

 

PLONGÉE DANS LE STUDIO DE DESIGN DE HONOR À PARIS : DU SOFTWARE AU HARDWARE (2/2)
 

 

Au studio de recherche en esthétique de Huawei, le design est une technique qui s’étend de la matière au logiciel. Et pour cause, la marque a choisi de faire de son studio une branche intégrée et autonome dans une dynamique mondiale pilotée par la Chine. Une mission exaltante livrée sans mode d’emploi pour les designers des Invalides.


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Suite du premier dossier : PLONGÉE DANS LE STUDIO DE DESIGN DE HONOR À PARIS : EN QUÊTE DE FORMES ET DE MATIÈRES (1/2)

 

DU HARDWARE AU SOFTWARE

Eh oui, la recherche colorimétrique du studio est aussi appliquée à la partie logicielle des produits de la marque. Il en va de même pour la coque d’un smartphone que pour les filtres disponibles dans une application « appareil photo » : entre les pays, les goûts changent. L’utilisation des filtres est maintenant chose courante sur les applications mobiles liées à la photographie, Instagram en tête, et les designers ont remarqué très vite que les tonalités et les couleurs utilisées n’étaient pas les mêmes d’un côté ou de l’autre du globe.
Ici, le vintage est à l’honneur avec ses teintes passées, vieillies, et ses couleurs sobres. On a plus tendance en Europe a privilégier la neutralité des couleurs que la saturation. En Chine en revanche, une belle photo est une photo contrastée, sur laquelle les couleurs explosent. C’est aux designers de conseiller les développeurs dans l’implémentation des filtres qui vont rendre, du mieux qu’ils peuvent, une photographie agréable à regarder pour telle ou telle population.
Et ce travail va glisser sur les thèmes disponibles pour personnaliser le système d’exploitation : si l’on propose un smartphone conçu pour l’Europe, son interface, elle aussi, doit être pensée localement et ne pas être une simple traduction de ce qu’un public différent pourrait apprécier. La couleur devient donc un enjeu global, touchant toutes les strates du design d’un nouveau produit.


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Estelle Barreau, spécialiste maison pour ces problématiques, aime penser ses recherches en regard de la matière. Le tactile, une expérience au coeur de la téléphonie intelligente, dit bien la nécessité d’apporter un soin particulier à la texture des appareils. La face avant, celle qui permet d’interagir avec l’interface n’est pas au coeur des réflexions du studio des Invalides qui se plie aux nécessités fonctionnelles d’un appareil : c’est surtout la coque, l’arrière et les bords, qui vont faire l’objet de choix fondamentaux. Qu’on ne s’en étonne pas : ne se portant pas au poignet ou autour du cou, le smartphone va être avant tout un objet à prendre en main. La sensation, très subjective, de son utilisateur va jouer dans le choix du modèle et de la marque au moment de l’achat. Et pour bien vendre un produit une fois en main, il existe des moyens simples d’orienter un ressenti.
Le plastique n’est pas une matière noble, mais elle a l’avantage d’être facilement personnalisable, que ce soit par des alliages chimiques qui lui donneront sa rigidité ou sa souplesse ou par des gravures qui lui permettront d’imiter d’autres matières. Ce qui importe avant tout pour Honor, c’est la sensation en mains. Quand, sur un cahier des charges, le plastique n’est pas négociable mais que le produit doit quand même être positionné premium, il faut travailler la matière pour qu’elle se démarque de la concurrence. De fines rayures disposées pour faire des croisillons permettront par exemple de faire croire à une sorte de cuir dur. Des poinçons disposés en lignes, à quelques millimètres les uns des autres, donneront à la coque un ressenti métallisé. Si la couleur est suffisamment travaillée pour tirer vers le métal, le trompe-l’oeil-trompe-la-main sera alors presque parfait. Il suffit de toucher les coques d’un Honor 6+ et d’un Honor 4X pour s’en convaincre : le travail sur la texture influe énormément sur le ressenti visuel et tactile.

 

On trouve d’ailleurs peu d’objets en plastique sur les tables de recherche du studio : chaussures, lunettes, verres de toutes les formes, montre et autres plaques de métaux. Ces objets qui inspirent les produits finaux donnent une orientation à la marque, orientation qui satisfait de plus en plus les designers : « on voit aujourd’hui qu’ils font de plus en plus attention aux finitions des produits, aux matériaux utilisés. Le « chinois = cheap » est quelque chose contre lequel on a lutté en tant que professionnels et les choses changent. » Les idées de couleurs et de matériaux travaillés par l’équipe sont ensuite commandés à un industriel qui livre des échantillons permettant de se rendre bien compte de l’effet qui sera appliqué au produit final. « Pour l’instant, nous externalisons la production d’objets, nous travaillons essentiellement sur ordinateur. Cela dit, nous souhaitons nous équiper en imprimante 3D pour produire des échantillons ici. » affirme Estelle Barreau.

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Et il faut reconnaître que l’on s’attendait à des équipements plus nombreux pour un studio embauché par une entreprise dont les bénéfices nets en 2014 cumulaient les milliards de dollars. Ici, les bureaux s’enchaînent dans l’open space ; beaucoup sont encore vides. Pas de machine complexe héritées des étapes de production chinoises.

 

« Il n’y avait pas de manuel pour travailler avec une entreprise chinoise »

 

 

Pour expliquer ce manque, trois raisons sont évoquées par les designers. D’abord, il faut savoir que le studio se place au tout début de la chaîne de décision : il a pour mission de faire remonter les idées étape par étape et d’être force de proposition sur des concepts et des ambiances. Il n’est donc pas question d’ouvrir une usine en France, mais bien de concevoir, à termes des prototypes. Deuxièmement, l’espace a été inauguré il y a peu de temps et les équipes ne sont pas encore au complet. Honor aimerait embaucher à Paris une vingtaine de designers issus d’univers différents.

 

PROTOTYPE IMMÉDIAT
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La troisième raison est peut-être la plus importante : Honor est une marque chinoise, développée par Huawei, et cela implique beaucoup de chose au quotidien quand on est son employé. Tout d’abord, raconte Pierre-François, le mode de conception chinois d’un produit est très différent des processus classiques européens. Quand ils sont appelés en Chine pour un compte-rendu de leurs recherches, ce qui arrive à peu près tous les mois, à tour de rôle, les choses peuvent prendre une tournure… peu conventionnelle. Les responsables chinois du projet confié au studio vont regarder tous les concepts qu’on leur apporte. Ils vont étudier ces modèles quelques heures, entendre les arguments et les conseils des designers. Et pourtant, ils ne vont pas prendre de décision. Pas avant d’avoir vu à quoi ressemblerait le produit final. C’est là que la magie de l’industrie chinoise opère : la nuit passe et le lendemain, un prototype a déjà été réalisé par les machines que possède la marque.

 

« C’est assez perturbant la première fois : on pense qu’il va y avoir plusieurs retours avant de passer à l’étape du prototype, mais c’est une chose tellement simple pour eux qu’ils font cela à une vitesse hallucinante. Les responsables n’aiment pas prendre une décision simplement sur des visuels, sur des dessins, il leur faut le produit en main, qu’ils puissent l’examiner sous toutes les coutures. C’est assez normal, au fond, mais la vitesse à laquelle ils sont capables de sortir ces engins d’usine est troublante. »

 

Et pour cause : il ne s’agit pas d’une simple entreprise, au sens où on pourrait l’entendre dans nos contrées, avec son siège social et ses bureaux. Non, il s’agit d’une ville entière possédée par la firme, où les bureaux côtoient les usines et les habitations des employés.

 

Tout le processus de création, design excepté, peut être fait localement. Cela simplifie énormément les étapes qui suivent le prototype. « En France, nous avons tendance à tout planifier sur un an, deux ans, on fait des rétroplannings… eux, quand ils voient une ouverture, ils foncent. Du coup, parfois, ils se demandent ce qu’ils vont faire d’un objet. Il y a dans leur culture entrepreneuriale un grand rejet du marketing : c’est pour cela que c’est à nous de penser à ces choses. Cela leur donne la possibilité d’avoir un budget à investir dans la recherche et pas dans des campagnes de publicité, par exemple. ».

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Travailler avec une hiérarchie chinoise est aussi un métier à apprendre. L’entreprise a des ressemblances avec une administration et les interlocuteurs sont nombreux, ce qui peut parfois être un frein. Et pourtant, tous nous l’assurent au studio : les équipes chinoises responsables des projets internationaux ont envie d’apprendre. Elles sont particulièrement à l’écoute des conseils et des recommandations que leur offrent les designers : « Ils se rendent très bien compte qu’ils doivent s’entourer. Aujourd’hui, ils ne peuvent plus être seulement moins chers que les autres. »

 

Par exemple, l’une des directives, au départ, avait été de recruter des designers issus du monde de la mode et installés dans des maisons dont la réputation n’est plus à faire : Dior, Cartier, Chanel… Ces références disent d’elles-mêmes leur prestige pour un dirigeant chinois, mais pour l’équipe européenne, c’est plutôt dans les petits studios qu’il faut aller repérer les talents.
Pour eux, un designer dans une petite structure est plus habitué à travailler sur des projets nécessitant une grande adaptation aux attentes du client et reste plus perméable aux demandes du public. Car contrairement aux entreprises du luxe qui n’ont plus rien à prouver, le designer qui travaille pour des studios plus modestes doit trouver comment parler directement aux personnes à qui le produit s’adresse. Ces considérations ne peuvent pas être perçues immédiatement depuis la maison mère et ce n’est que la réalité du terrain qui peut l’enseigner : l’équipe espère qu’elles sauront tomber dans les bonnes oreilles.

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UNE HISTOIRE DE GOÛT

De même, les responsables chinois sont parfaitement conscients du fait que les goûts européens leur échappent en partie. C’est d’ailleurs pour cela que Huawei travaille avec d’autres studios en Europe, notamment celui que la firme a ouvert a Berlin, pour comprendre de manière plus générale les fluctuations de la mode sur le Vieux Continent. « Il faut apprendre à les convaincre, leur montrer que notre vision d’un produit n’est pas seulement personnelle, mais qu’elle correspond à ce qui se fait dans notre pays. » lance Pierre-François.
Pour déterminer le design final des objets, il n’est pas rare que les studios soient en compétition sur de longues durées ou, au contraire, que leur apport concerne des détails sur des projets où les interlocuteurs européens sont plus confirmés. Par exemple, il y a quelques semaines, l’équipe était au salon de la montre, en Suisse, pour aller faire de la prospective sur les différents cuirs disponibles pour les bracelets des montres. « Nous, notre but, c’est de se faire un réseau de partenaires et de fournisseurs ici pour arriver en Chine avec des produits déjà bien avancés, travaillés avec des ressources locales. ».

 

Ces échantillons sont d’autant plus fondamentaux pour les designers français que la barrière des langues renforce l’adage qui dit qu’une bonne image vaut mieux qu’un long discours. Dans les bureaux parisiens, deux Chinois bilingues travaillent à temps plein pour faciliter les échanges avec l’employeur, mais dans les rencontres en personne, il est parfois difficile de s’entendre. Le jargon technique du design que maîtrisent les Français – qui, eux, ne parlent pas encore Chinois – n’a pas de résonance dans la langue de leur interlocuteur. Il est donc préférable d’emmener dans sa sacoche des échantillons évocateurs pour que les dirigeants comprenne bien leur puissance esthétique et commerciale.

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C’est vers une collaboration de ce type, active et dans les deux sens, que s’oriente la relation entre le studio parisien et la maison mère chinoise. Les prochains produits proposés par Honor en France porteront l’évolution de leur passage entre les mains des designers rassemblés aux Invalides.

 

C’est à ce moment-là que le véritable challenge commencera pour la marque : elle aura alors toutes les armes pour jouer à jeu égal avec la concurrence. Et peut-être que comprendre les attentes du marché en amont lui aura donné une longueur d’avance.

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@@tuuki bien essayé lol mais tu conviendras que même si j'étais au courant d'une telle chose, je ne serais pas autorisé à la dire :)

Pour tout ce qui concerne directement les produits à venir : "Pas d'annonce officielle = pas de réponse"

(Annonce officielle = Communiqué de presse)

Tu ne veux pas non plus une feuille de route des nouveaux produits de l'année à venir tant qu'on y est ? Ça ferait plaisir aux concurrents en tout cas :p

Modifié par Honor
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Très bien. La dernière phrase me plaît:

 

"Et peut-être que comprendre les attentes du marché en amont lui aura donné une longueur d’avance."

 

L'amont?...C'est nous! :P

Tu préfère être l'amont ou le c... ? :P

J'avais mal lu la phrase d'avant et donc cela donnait : " Les prochains produits proposés par Honor en France porteront l’évolution de leur passage entre les mains des designers  Invalides." Mais ouf, c'est "rassemblé aux invalides". cela dit @honor, tu sais qu'il y a des coins moins chers à Paris et donc cela permettrait de baisser le prix ou de joindre un chti étui au smartphones -_- :D

La maison mère aurait-elle prévue des smartphones spécial europe? 

@@Honorte repondra pas mais je parierais que non car nous ne représentons pas un marché de 20 millions de smartphones par an.

 

Déjà qu'ils n'ont pas mis la bande des 800 Mhz sur le 6+, construite un smartphone juste pour l'Europe...

 

Ou alors un Holly, histoire de vider les stocks en pièces obsolètes :D

Modifié par Papy Honor
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hallucinant la vitesse de fabrication des concepts.

 

ça doit être trop trippant de les voir avoir en main le lendemain de la présentation.

et j'imagine que certains doivent provoquer l'hilarité, ça doit être l'occasion d'à la fois proposer

des modèles qui seront facilement vendables mais aussi des concepts complètement barrés.

 

y'a un département "expérimental" qui conçoit des smartphones hors normes ?

 

en tout cas ça donne envie d'y bosser

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